A l’occasion de la Convention dédiée à ses managers, qui s’est déroulée le 29 septembre dernier au Hangar 14 à Bordeaux, la CEAPC avait invité des grands témoins du digital et de la nouvelle économie. Focus sur Philippe Gaborieau, patron de Happy Capital, avec qui la Caisse d’Epargne a noué un partenariat.
« 3 questions à »
Philippe Gaborieau dirige un cabinet de conseil en fusions-acquisitions et dans la continuité de cette activité, il a créé une plateforme de financement participatif pour les entreprises : Happy Capital.
Ce site d’Equity Crowdfunding* est dédié au financement participatif des entreprises par les particuliers. Sa particularité ? Happy Capital est la première plateforme de financement collectif des PME, quel que soit leur stade de vie : création, développement ou reprise, et quel que soit leur secteur d’activité. L’équipe est basée à Bordeaux, Place de la Bourse, haut lieu du développement de l’économie responsable et du crowdfunding. Rencontre …
De G à D : Philippe Gaboriau et Benjamin Bardel, journaliste à la Convention des Managers CEAPC
Jérémie Buchholtz
Comment êtes-vous arrivé au crowdfunding ?
Ph G- Très naturellement. En 2009, j’ai créé un cabinet de levée de fonds, Bordeaux Consulting Group. Le ticket moyen était à l’époque de 500 000 euros. Et puis la règlementation Bâle 3, ses règles prudentielles et sa mise en œuvre au niveau des fonds d’investissement, sous l’autorité de l’Association Française des Investisseurs pour la Croissance (AFIC), a considérablement durcit le contexte dans le domaine. La recherche de financement de haut de bilan pour les startups est devenue très compliquée. La problématique de l’Equity Gap est apparue. Elle se traduit pour l’entrepreneur, par un déficit de capital social qui apparaît lorsque la chaîne de financement s’interrompt, soit généralement entre 100 000 € et 1 million d’euros. La plupart du temps l’Equity Gap se situe après l’intervention des Business Angels et juste avant celle du capital-risque. C’est à ce stade que le crowdfunding* et plus particulièrement l’Equity crowdfunding* peut apporter une réponse aux besoins en capital social pour les startups, les PME et les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire).
Ainsi, courant 2012, un porteur de projet client de mon cabinet, qui avait conçu un véhicule électrique avec une technologie de pointe, ne parvenait pas à obtenir de lettre d’intention pour passer en phase de pré-industrialisation, alors même que son invention était plébiscitée par la profession et par le public. Quatre autres entrepreneurs de mon portefeuille étaient dans une situation identique. La solution de financement participatif s’imposait : Happy Capital était né.
Aujourd’hui, la société de mon client a réalisé son introduction en bourse au second marché. L’histoire continue pour elle comme pour bien d’autres, grâce au « financement par la foule ».
Pourquoi ce nom Happy capital ?
Ph G- Comme pour toutes les naissances, j’avais listé une quarantaine de noms et d’associations de mots possibles ; ma famille et mes proches ont largement contribué à ce choix. Je voulais que le mot explique ce que l’on faisait. « Capital » était incontournable mais très froid. La cohabitation avec « Happy » a établi un équilibre et évoque bien notre ligne directrice, celle d’accompagner des projets qui ont une utilité, porteurs de sens.
Depuis son origine, Happy Capital revendique ce positionnement différent. Nous intervenons dans tous les secteurs d’activité et j’estime que n’importe quelle entreprise peut prétendre à intégrer notre plateforme même s’il n’y pas écrit « tech » derrière. J’aime aussi le traditionnel qui maintient l’emploi, la tradition, le savoir-faire … comme par exemple « Art of Soule », pour qui la levée de fonds a permis de pérenniser sa fabrique d’espadrilles à Mauléon (64).
Et puis, Happy Capital est une plateforme engagée qui apporte aussi sa pierre à l’édifice. Lorsque nous sélectionnons un projet, c’est parce que nous y croyons. Nous le prouvons en investissant jusqu’à 50% de notre rémunérations en actions.
Votre plus grande fierté en matière d’accompagnement de ces néo-entrepreneurs, sur notre territoire ?
Ph G- Mon coup de cœur du moment c’est HACE, une invention bordelaise qui a vu le jour dans les laboratoires de l’ENSAM, sur le Campus de Talence. C’est une machine qui permet de créer de l’électricité à partir de l’ondulation des vagues.
Comme la société définit elle-même son projet « Quand le soleil se couche et que le vent faiblit, HACE continue de produire votre énergie propre, car il y a toujours des vagues… ».
Les énergies de la croissance verte ont toutes leurs limites, le soleil pour le photovoltaïque, le vent pour les éoliennes… Nombreuses sont les recherches pour tenter de canaliser l’énergie des océans.
HACE est une invention déconcertante de simplicité, un projet ingénieux, un projet porteur de sens et d’espoir pour les pays en voie de développement … c’est celui qui va marcher, celui qui peut changer la vie de beaucoup de personnes !
L’étude se ramifie et évolue d’ores et déjà vers un projet de désalinisation de l’eau de mer.
Non intermittente, dé-carbonée, sans impact et compétitive, HACE répond aux défis majeurs de l’énergie, pour remplacer à terme les fossiles et le nucléaire.
Des grands noms comme Véolia ont déjà misé sur cette avancée révolutionnaire.
Bien entendu, j’ai également en tête bien d’autres projets innovants dans le secteur de la santé. Nous avons financé par exemple une phase d’étude clinique pour un vaccin thérapeutique contre le sida, avec 850 000 euros levés ou encore une molécule de collagène qui arrête les hémorragies internes avec 450 000 euros …
Quand il s’agit d’évoquer les projets portés par Happy Capital, Philippe Gaborieau est intarissable.
La CEAPC, « 100% humaine et digitale »
L’intervention de Philippe Gaborieau a captivé un auditoire de plus de 500 managers de la CEAPC et incarnait parfaitement les valeurs de la signature des Caisses d’Epargne « VOUS ÊTRE UTILE ».
Fait du hasard, la baseline de Happy Capital affiche tour à tour dès l’accueil de son site « L’investissement utile pour NOUS, VOUS, EUX ». Utilité partagée !
Au cœur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), le crowdfunding n’est désormais plus perçu comme un dispositif potentiellement concurrent de ceux du secteur bancaire mais comme un nouveau partenaire, complémentaire.
L’entreprise qui va lever des fonds en augmentation de capital va accroître ses fonds propres et par là-même pouvoir chercher par la suite du financement traditionnel en bas de bilan. Une collaboration qui crée un cercle vertueux.
A propos du crowfunding
Le crowdfunding, littéralement « financement par la foule », est traduit en français par l’expression « financement participatif ». Bien qu’il s’inscrive dans le récent sillage de l’économie sociale et solidaire (ESS), le crowdfunding ne date pas d’hier : la collecte de fonds organisée en France en 1875 pour offrir la statue de la Liberté aux États-Unis en est un exemple notable !
Certaines formes de financement comme les business angels, ou investisseurs providentiels, sont également une des sources d’inspiration probable du financement participatif d’aujourd’hui.
Le phénomène s’est amplifié et diversifié avec l’apparition d’Internet, puis des réseaux sociaux, dès le milieu des années 1990. Ce mode de financement, qui fait appel à un grand nombre de personnes afin de financer un projet, se fait sans l’aide des acteurs traditionnels du financement, il est dit « désintermédié ».
LE SAVIEZ-VOUS ?
On distingue généralement trois grandes familles de crowdfunding :
– Le crowdgiving
Semblable à du mécénat ou à du parrainage, il s’agit de levées de fonds prenant la forme du don. Toutefois, des contreparties sont souvent offertes aux contributeurs : tantôt simplement symboliques, tantôt consistant carrément en un achat par anticipation du produit proposé par l’entreprise financée !
– Le crowdlending
C’est une démarche conjuguant prêt entre particuliers et microcrédit aux entreprises : le prêt peut être solidaire, c’est-à-dire effectué à titre gratuit, ou bien être rémunéré avec un taux d’intérêt.
– Le crowdinvesting ou equity crowdfunding *
Il permet une prise de participation en parts sociales ou en actions dans les entreprises financées ainsi qu’une rétribution financière via le versement de dividendes ou la plus-value potentiellement réalisée.
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